Les idées fausses sur l’écoconception et l’économie circulaire

Karine Van Doorsselaer

Le terme « économie circulaire » est omniprésent mais encore souvent mal compris. Par conséquent, les efforts déployés pour parvenir à ce modèle, notamment par le biais des principes de l’écoconception, se limitent souvent aux fruits les plus faciles à cueillir ou sont des exemples d’écoblanchiment. C’est ce que Karine Van Doorsselaer, maître de conférences en science des matériaux et en écoconception à l’université d’Anvers, souhaite changer avec sa conférence du jeudi 22 mai dans le cadre de l’Advanced Engineering.

Les gobelets en carton sont-ils meilleurs pour l’environnement que les gobelets en plastique ? La circularité et l’impact environnemental peuvent-ils être exprimés en chiffres ? Cela peut vous surprendre, mais la réponse à ces questions est « non ». « Ces idées fausses sur l’écoconception et l’économie circulaire, et bien d’autres encore, doivent être dissipées », affirme Karine.

Le matériel écologique n'existe pas

L’écoconception consiste à concevoir des produits de manière à ce qu’ils aient le moins d’impact polluant possible sur notre planète. Mais comment faire ? Et que faut-il prendre en compte ? Karine veut élargir la vision des ingénieurs et des concepteurs. Elle y parvient notamment en examinant d’un œil critique l’utilisation de matériaux écologiques.

« Parce qu’il n’y a rien de tel, il s’agit d’utiliser les matériaux de manière écologique ». L’idée fausse selon laquelle l’économie circulaire équivaut au recyclage des matériaux est également démentie lors de la conférence. En effet, avant d’être recyclé, un produit doit être utilisé le plus longtemps possible, réparé ou réutilisé, puis désossé pour que ses composants soient réutilisables.

Réflexion sur le cycle de vie

« L’écoconception consiste à trouver un compromis entre toutes sortes de facteurs tels que l’impact environnemental (de chaque phase de vie du produit !), les aspects techniques, le prix de revient, la durée de vie, la facilité d’utilisation, la réparabilité, la réutilisation et, enfin, la recyclabilité. C’est ce que l’on appelle la « pensée cycle de vie ».

L’utilisation de biomatériaux doit également faire l’objet d’un examen critique. « Si vous misez sur l’utilisation du bambou ou du chanvre, par exemple, mais que vous réduisez fortement la durée de vie ou la facilité d’utilisation d’un produit, ce dernier finira beaucoup plus vite à la décharge. Cela n’a rien d’écologique. L’utilisation irréfléchie des biomatériaux est un piège dans lequel beaucoup de designers tombent !

Avec sa conférence, Karine souhaite fournir des lunettes critiques pour travailler dans la vie de tous les jours et sur le terrain. « J’espère que tous ceux qui suivront la conférence apprendront à (mieux) penser à long terme et réaliseront qu’il s’agit d’une responsabilité commune de rendre possible l’économie circulaire.

« 80% de l’impact environnemental d’un produit est déterminé pendant la phase de conception. Les concepteurs et les ingénieurs ont donc une grande responsabilité. Cependant, tout le monde, du gouvernement aux citoyens, a un intérêt dans cette transition vers une économie circulaire durable », conclut Karine.

Êtes-vous vous-même impliqué professionnellement dans le développement de produits ? Ou êtes-vous simplement fasciné par la manière dont nous devrions tous assurer un avenir durable ? Alors cette conférence est à ne pas manquer ! Inscrivez-vous ici à la conférence Advanced Engineering on Wednesday